infox ABEILLES & POLLINISATEURS



︎ La pollinisation, plus qu’une histoire d’abeilles !

La pollinisation, c’est simple, ou presque. Cela décrit le transport du pollen (où se trouvent les gamètes mâles, équivalent des spermatozoïdes) d’un organe mâle à un organe femelle, chez de nombreuses plantes à fleurs. 

Oui, les fleurs sont les organes sexuels de nombreuses plantes, et si elles se remarquent autant, ça leur permet d’être repérées par les insectes. 

Les plantes ne se déplaçant pas au cours de leur vie, l’évolution les a dotées d’aptitudes leur permettant de brasser leurs gènes et de pouvoir ainsi s’adapter à leur environnement.

L’une d’elles est le fait d’isoler les organes mâles et femelles d’un même individu, ce qui permet de ne pas se reproduire à l’identique. Certaines fleurs, même hermaphrodites, ne sont donc pas inter-fécondes. D’autres ont séparé totalement les sexes, voilà pourquoi il y a parfois des fleurs uniquement mâles ou femelles, voire des plantes de la même espèce entièrement femelles ou mâles.

Entre les organes sexuels, des intermédiaires transportent le pollen : eau, vent ou animaux. Une fois pollinisée, la fleur est fécondée et l’ovaire devient le fruit, avec ses graines. Sans pollinisation, pas de fécondation pour une grande partie des plantes, et donc plus d’arbres, de céréales, de “légumes” ou de fruits (pommes, poires… mais également courgettes, concombres, aubergines, etc.).

Ainsi, lorsque nous croquons dans une pomme, nous croquons dans une fleur qui a été fécondée, et qui a grossi en fruit. Nous croquons dans le “ventre d’une femelle enceinte” !





Source illustration : https://www.maxicours.com/se/cours/structure-des-fleurs-formation-des-graines-et-des-fruits/

Les fleurs que le vent pollinise ont des grains de pollen légers et nombreux. Voilà pourquoi ils nous donnent le rhume des foins, comme c’est le cas des graminées (=Poacées) qui fabriquent beaucoup de pollen, multipliant ainsi leur chance de reproduction. Celles que l’eau pollinise, dépendent surtout de la pluie et de son ruissellement.


Celles qui nous intéressent ici, dépendent de transporteurs plus précis : des animaux. Leurs grains de pollen sont moins nombreux, plus lourds et collants aux… poils de ces transporteurs !
En Europe, ce sont surtout les insectes (et quelques araignées) qui assurent ce transport. Nombre d’entre eux ont évolué de façon synchrone avec ces plantes à fleurs, au point que leurs fleurs n’existeraient pas ainsi sans ces insectes, et inversement. C’est une co-évolution.

Une fleur, c’est donc un organe sexuel ouvert et offert aux insectes pollinisateurs, dont la forme, la couleur, l’odeur, le goût ou encore l’électricité statique les attirent. Cela peut donc faire un peu sourire lorsqu’une personne colle son nez sur une fleur, dit qu’elle est belle et qu’elle sent si bon !
(sexe & culture : un sujet pour Arte !)


Certaines fleurs entendent même les insectes, et ne sécrètent du nectar que lorsque les insectes sont proches. Cela leur permet d’économiser de l’énergie le reste du temps.

Si l’abeille domestique est le plus connu des pollinisateurs, c’est parce qu’elle est le seul insecte qui nous intéresse directement : miel, cire, propolis, pollen et parfois pollinisation artificielle (anthropique) de nos champs. Et moins parce que nous sommes devenus empathiques et bienveillants vis-à-vis des insectes, même si cela commence à venir. 

Mais, en France, il existe plus de dix mille pollinisateurs différents. A commencer pas les 1000 espèces d’abeilles inconnues des non spécialistes, et qui pollinisent souvent mieux que leurs cousines domestiques. En plus de cette famille d’insectes très spécialisée dans la récolte du nectar et du pollen, des milliers d’autres insectes, toujours en France, sont floricoles et passent leur vie sur les fleurs, à se nourrir de nectar ou de pollen.

Difficile de tous les compter, mais plus de 10 000 insectes différents pollinisent les fleurs en France métropolitaine. 
C’est le cas de tous ces insectes que l’on peut observer sur les fleurs : mouches, scarabées, guêpes, chrysopes, punaises, papillons… y compris les frelons, les araignées, les taons, des sauterelles, les moustiques ou les “mouches à merde” ! Tous participent à la pollinisation. Certains sont généralistes et visitent différentes fleurs, d’autres sont plutôt spécialistes, voire ne pollinisent qu’une seule famille, un seul genre ou espèce de plantes.

Certains peuvent polliniser des fleurs profondes, d’autres uniquement les courtes. Etc.

Par exemple, les fleurs de carottes ou de fenouils ne sont pas visitées par les abeilles dont la “langue” est longue, mais plutôt par des guêpes, des mouches ou des coléoptères.

En croquant dans une carotte ou du fenouil, rien ne vous empêche d’avoir une petite pensée pour la mouche à merde ou la guêpe qu’il l’aura pollinisée. 

Lorsque le milieu le permet, plus il y a de fleurs variées et plus il y a d’insectes pollinisateurs, et inversement. 
Ces cohortes d’insectes pollinisateurs se répartissent en fonction des différentes fleurs que l’on rencontre. Nombre d’entre eux trouvent également différents nutriments en fonction des fleurs.

Pour toutes ces raisons, entre autres, les spécialistes des insectes, les entomologistes, savent qu’il est important d’étendre les actions de conservation à toutes ces fleurs et ces milliers d’espèces d’insectes, et pas simplement aux abeilles domestiques.




Exemple de % de visites des plantes agricoles par leurs pollinisateurs, en bleu foncé l’abeille domestique, les autres couleurs par les autres insectes.
Source : http://www.pnas.org



ALLER PLUS LOIN


La pollinisation

Les pollinisateurs sauvages :
http://www.insectes.org/programme/pollinisateur-sauvage.html
https://www.larecherche.fr/les-abeilles-sauvages-reines-de-la-pollinisation
https://www.frij.ch/FileDownload/Get/825
http://www.urbanbees.eu/pageressources/publications

Abeilles (et guêpes) sauvages :
http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i137villemant.pdf
http://www.insectes.org/…/2019_pagesdynadocs4d9dab2251af9.p…
https://www.abeillessauvages.com/#sthash.ha0hXHno.6JSPg8oa.dpbs

France Terre de pollinisateurs :
https://pollinisateurs.pnaopie.fr/
http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Synthese_V2.pdf


Aider les scientifiques à référencer les pollinisateurs, c’est facile !

Suivi photographique des insectes pollinisateurs (Spipoll)
Tuto Spipoll sur l’OpieTivi 

Exemples de pollinisateurs (photos © entomart.be, Spipoll et François Lasserre) :


Abeille cotonière, Anthidium sp ou anthidie à manchettes


Punaise Corizus sp. (famille Rhopalidé)


Mouche volucelle (famille Syrphe)


Le Spipoll est accessible à tous, les spécialistes ont besoin de vous !


Guêpe sociale (commune) et mouche à damier



Textes François Lasserre à améliorer, utiliser, partager... WIP !